vendredi 16 octobre 2009

André Legallant - Les tropiques du mal - Lemwee graphics press - auto édition - Ile Maurice -1982


André Legallant Auteur mauricien
Action : une île tropicale imaginaire

 http://www.lexpress.mu/article/andr%C3%A9-legallant-pr%C3%A9voyaiten-1982-l%C3%AEle-maurice-de-2007, un article par la rédaction de l'Express de l'île Maurice
 Ouvrons au hasard un de nos journaux désespérément répétitifs et jetons un regard effaré sur la triste colonne des faits divers de notre actualité quotidienne. De quoi est-elle faite sinon d?investisseurs étrangers écrasés vivants et ensuite brûlés, de femmes violées et assassinées, de patricides, matricides et fratricides en tous genres, les uns plus horrifiants que les autres, d?adolescentes droguées, abusées sexuellement, séquestrées, devenant ainsi les proies d?un dévergondage et d?un sadisme inimaginables, de clips pornographiques réalisées parfois dans des institutions scolaires huppées, de voleurs de ferraille allant jusqu?à dépouiller le pont de GRNO de ses éléments métalliques, de guerres de gang, de règlements de compte à l?intérieur d?une station de police, de gabelous plus capons que jamais. Assez ! N?en jetons plus. La coupe de l?exaspération est déjà pleine d?autant plus que toute cette chienlit ne semble guère gêner nos princes, trop fiers de ce qu?ils appellent leur gouvernement de notre pays. Il se trouve qu?un quart de siècle plus tôt, le poète et romancier André Legallant entrevoit ce qu?est malheureusement devenue, aujourd?hui, notre société moribonde moralement et spirituellement. Dans son roman Les Tropiques du mal, il décrit ainsi ce que peut être l?un de nos faubourgs les plus mal famés : Un dépotoir où s?étaient donné rendez-vous toutes les calamités du monde. La faim, le vol, la prostitution, la contrebande, l?analphabétisme, l?alcool, l'assassinat, l'inceste, le viol, l'épidémie (sida ?), le chômage, la drogue, l?injustice. Toute la gamme des vices inventés par l?homme, contre les hommes pour les réduire aux dimensions de la bête. Manquent nommément et entre autres à l?appel la violence familiale, la cruauté, l?avortement que des libertins et des libertines veulent légaliser. Le Dr Jean Georges Prosper se fait un devoir, dans l?express, d?analyser longuement et avec sa perspicacité coutumière ce roman de Legallant. Il commence par mettre l?accent sur la double personnalité du héros, Stéphane/Tony. Il qualifie cette double personnalité de deux personnages en un, deux voix contradictoires dans un même for intérieur, le premier qui fait paradoxalement la part belle à la loi du talion et l?autre qui tend la joue à l?offenseur et agresseur. Il parle, à ce sujet, de multiple conscience animant une même personne. Il concède que Legallant ne cède pas pour autant au roman psychologique et métaphysique à la manière d?un Mauriac. Il se rapproche davantage d?un Simenon, mariant habilement la trame psychologique et l?intrigue policière. Selon lui, Les Tropiques du mal se veut le procès d?une société mais pas forcément la nôtre, encore qu?elle lui ressemble de plus en plus. Il ne sait plus ce qu?il faut penser des précautions que prend Legallant pour ne pas accuser ouvertement notre société. Il parle à ce propos de vaccination mentale. Il n'est, hélas, pas obligatoire à quiconque de se faire vacciner de la sorte. Les premiers à s?en dispenser sont souvent ceux qui en ont le plus besoin. Ils ignorent totalement toutefois la déficience flagrante de leurs capacités immunitaires. Nous pensons plus particulièrement à nos décisionnaires et autres dirigeants politiques. Vous surprendrez énormément nos ministres en leur apprenant que notre population les tient à tort ou à raison, pour les premiers responsables de l?inquiétante dégradation des m?urs à Maurice. Ils se draperont, bien sûr, dans leur arrogance et vous cracheront à la figure : Que voulez-vous ? Que j?aille faire le gendarme dans notre faubourg le plus mal famé ? Ils oublient trop facilement qu?ils ont sollicité nos voix justement pour pouvoir, non pas se remplir les poches, mais pour diriger notre force policière, notre système éducatif, notre assistance publique, nos institutions judiciaires et pénitentiaires, nos collectivités locales, nos loisirs, afin que l?ordre règne, que nos élèves soient formés à devenir des citoyens responsables par des enseignants irréprochables, que la solidarité nationale atténue efficacement nos authentiques poches de pauvreté, que justice et prison réhabilitent nos dévoyés, que les forces vives de nos localités puissent participer activement à la saine gestion de la res publica comme de la société, d?organiser des loisirs sains pour tous et plus particulièrement pour les jeunes et les plus vulnérables afin qu?ils puissent se distraire judicieusement pour que l?oisiveté ne devienne pas mère de tous les vices. Une relecture des Tropiques du mal d?André Legallant nous permettra de descendre, non pas en enfer à la manière d?Orphée ou de Dante, mais dans les bas-fonds de notre société, pour accompagner Tony dans sa recherche des deux agresseurs de sa fiancée, Kris, deux criminels qu?il côtoiera d?abord dans un effort de dialogue et de compréhension, avant de procéder à la vengeance requise et le devoir d?affronter la justice des hommes. Et surtout ne pas crier : Mais que diable allait-il faire dans cet enfer, le nôtre ?

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