jeudi 23 février 2012

Sylvestre Le Bon - Une destinée bohémienne - collection : Lettres de l'Océan Indien - L'harmattan - Paris -2011


















Sylvestre Le Bon auteur mauricien
Action Ile Maurice , France...

Premier roman du poète mauricien Sylvestre Lebon, auteur de deux recueils de poèmes et d'un ouvrage sur l'œuvre de Jean-Marie Le Clézio, Une destinée bohémienne (L'Harmattan, 2011) a été publiée en partie dans l'Atelier d'écriture n° 8 sous le titre L'Absence des noms. Sylvestre Lebon ne crée pas un style étonnant et a recours à de constantes répétitions et autre structures labyrinthiques pour créer une sorte de caisse de résonance dramatique. Son héros, Ernest, accomplit un retour au pays natal après quelques années d'études en Afrique du Sud. Il gravit très vite les échelons dans une société d'informatique, se met à la recherche d'une raison de vivre auprès d'Hélène, et finit par connaître un grand désordre psychologique. Lebon parsème les réflexions narcissiques et désespérées de son personnage de moments de rêve et de ferments de révolte : « Comme un automate ce matin-là, j'ai repris le volume de Rimbaud qu'elle m'avait offert. Je l'imaginais loin… Elle se la coulait douce peut-être avec son godelureau. Son meilleur plan à elle, c'est de ne pas avoir de but précis. Étais-je sa première ou sa dernière victime ? Même si cela paraît de la folie, j'ai concocté une stratégie pour la retrouver… » Ce livre met en avant la subjectivité d'un parcours et joue sans cesse sur le thème de l'errance qui vient combattre les angoisses existentielles. Ce récit romancé transcrit et actualise à la fois des mythes et des événements réels. On trouve beaucoup de références à certains événements historiques, aux mœurs locales, aux préjugés de race et de couleur. Dégagé des contraintes historiques et géographiques, le récit prend des allures de voyage d'initiation dans d'impossibles périples au cœur de la forêt de Chamarel, où des puissances quasi magiques permettent de surmonter les épreuves. Le livre, écrit dans un langage poétique, ne donne pas une image très forte du pays comme dans les innombrables sociaux. Il s'agit plutôt d'un roman de la désespérance, de la désillusion sur fond de société traditionnelle, et d'une vie urbaine qui ne mène pas au bonheur. C'est un récit qui concerne un jeune rebelle assoiffé de liberté, de vie de bohème, surtout après sa rencontre avec Antoine, personnage hors du commun habitant Beau-Bassin. L'auteur décrit (avec finesse et analyse) mais ne remet pas vraiment en cause les divers aspects de la société mauricienne qui conduisent à un univers de frustration. Le livre s'achève sur une note optimiste mais le lecteur ne se retrouve pas dans ce jeu de signes et de références rebattues.

Article de : http://www.lemauricien.com/article/publication-sylvestre-lebon-parcours-subjectif