vendredi 1 novembre 2019

Loga Virahsawmy - Hell in paradise - Editions Boukie Banane - Rose Hill - Ile Maurice
















Loga Virahsawmy auteure mauricienne , épouse de Dev Virahsawmy
Roman en anglais , action : Ile Maurice  
 https://www.lexpress.mu/article/357380/loga-virahsawmy-ce-livre-montre-persistance-discriminations-maurice Par Marie-Annick Savripène

Comment d’activiste du genre et auteure d’articles d’opinion sur le genre, vous êtes passée en si peu de temps à l’écriture de romans ? 
Vous avez justement mis le doigt dessus. Je suis une gender activist de cœur et de formation. Tout ce que je fais concerne les droits humains, la justice du genre. J’ai commencé à écrire des papiers d’opinion pour que les gens voient les problèmes existants, non seulement après la lecture du discours du Budget et surtout les manquements dans les politiques comme, par exemple, comment les femmes sont invisibles, à croire qu’elles n’existent pas.

Les articles d’opinion sont importants pour souligner que les femmes existent et qu’elles représentent 51 % de la population mais qu’elles n’ont pas voix au chapitre. C’est ce qui m’a fait entrer dans le journalisme. Lorsque je me suis mise à écrire, à chaque fois que des personnalités publiques ou des gens ordinaires racontaient n’importe quoi, je prenais toujours ma plume pour les rappeler à l’ordre. Mais lorsque des personnes faisaient des choses remarquables aussi, j’écrivais pour les féliciter.

J’ai beaucoup écrit sur la politique et les partis politiques. J’ai énormément milité pour changer la Local Government Act. Je me suis beaucoup exprimée sur l’importance d’une gender neutral approach dans cette législation. Cet engagement a été payant car la Local Governement Act a été amendée. Et dans la région, les activistes du genre la citent comme référence.

À partir de là, avec mon travail à Gender Links (NdlR: Loga Virahsawmy a longtemps dirigé le bureau francophone de Gender Links à Maurice), lorsque nous avons commencé à écrire des baromètres, des rapports annuels, quand nous avons commencé à relayer les témoignages personnels de femmes ayant subi la violence, des histoires vécues. J’ai réalisé à quel point les Mauriciennes souffrent. C’est là aussi que j’ai découvert que j’avais un goût pour l’écriture et j’ai encouragé Dev (NdlR : Dev Virahsawmy, son mari) à raconter son histoire. Comme il refusait, je l’ai interviewé et je me suis fait son porte-voix. Cela a donné Lotus Flower.

Puis, j’ai écrit Amazing Indra, qui traite d’une réalité mauricienne, la discrimination que de nombreuses filles subissent de la part de leurs mères, qui ont une préférence pour leurs garçons. De l’autre côté, Amazing Indra montre aussi comment les pères peuvent être attentionnés envers leurs filles, que parfois un père peut faire plus qu’une mère et qu’une fille peut avoir plus de connexions avec son père que sa mère. Et puis, ce livre montre tous les types d’amour. Après avoir écrit Amazing Indra, j’ai été surprise par la réaction des gens. En un clin d’œil, il n’y avait plus de livres de disponible et il a fallu faire une réédition. Certains littéraires ont même dit qu’il fallait l’inscrire au programme d’études du secondaire. À partir de là, je me suis découvert un amour pour l’écriture.

Hell in Paradise» est-il inspiré d’une histoire vécue ? 
Non. Je m’apprêtais à m’endormir un jour, lorsque l’idée d’un meurtre d’une jeune femme sur le point de se marier m’est venue en tête. Je me suis dit que j’allais l’exploiter. Lorsque je me suis mise devant mon ordinateur, l’écriture est venue facilement. Seuls les deux derniers chapitres ont pris du temps car je ne savais pas comment terminer ce roman. Je savais simplement que je voulais le finir par une surprise et montrer comment l’amour est plus fort que tout.

Quels messages voulez-vous transmettre avec ce roman ? 
Je veux montrer la persistance des discriminations à Maurice, comment l’on montre toujours du doigt les personnes les plus pauvres, comment celles-ci vivent dans la promiscuité et parfois la saleté, comment les possédants peuvent être méchants. J’ai aussi voulu dénoncer la corruption et l’arrogance du pouvoir et montrer que lorsqu’on est pauvre, on devient vite un bouc émissaire. Je n’en dirai pas plus. Je laisse les lecteurs découvrir Hell in Paradise.

Où votre livre sera-t-il vendu ? 
Comme pour tous mes autres livres – exception faite de Lotus Flower qui a été totalement pris en charge par La Sentinelle Ltd – je fais de la vente militante, c’est-à-dire que je vends mes livres moi-même. Je donne énormément d’exemplaires en cadeau aussi car le plus important pour moi, c’est que les gens me lisent. Hell in Paradise ne sera pas en librairie, sauf si j’ai une demande en ce sens des libraires.

Son prix de vente ? 
Rs 150. Les personnes intéressées à acheter un exemplaire peuvent m’envoyer un mél sur gonaz@intnet.mu. Je rappelle, à toutes fins utiles, que toutes les recettes de mes livres sont reversées au Half-way home Safe Haven qui aide les filles en difficulté à se prendre en charge.

Un autre projet d’écriture est-il en gestation dans votre tête ? 
Il y a effectivement une idée qui mijote dans ma tête. Je n’avais pas réalisé à quel point l’écriture aide, dénonce et comment la littérature est importante. Dev me le disait mais c’est en écrivant que j’ai réalisé que la littérature ouvre l’esprit des gens et leur permet de comprendre bien des choses. Chacun a une histoire à raconter. Je sais que j’en ai encore beaucoup à écrire.

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