samedi 1 septembre 2018

Marie Monique Nazroo - La poupée de porcelaine - Editions Edilivre - Saint-Denis - 2017

















Marie Monique Nazroo auteure mauricienne, née en 1962 à Port-Louis,établie au Canada.
Roman , action  à l'île Maurice dans les années 1970 -1980

Après quelques mauvaises expériences, c'est désormais avec circonspection que j'accueille un livre édité par Edilivre. En effet cette maison d'édition est à compte d'auteur. Rappelons les avantages et les inconvénients de cette formule : http://elodielochbeatrix.com/ledition-a-compte-dediteur-a-compte-dauteur-ou-lauto-edition/
Pour faire simple, chez une maison d'édition à compte d'auteur , c'est l'auteur qui paye la maison d'édition pour l'aider à publier son livre. Vous aurez ainsi deviné que dans ce système, la maison d'édition accepte de publier tout et n'importe quoi! Le pire et le meilleur se côtoient allègrement chez ce genre d'éditeur. (Et encore je ne parle que du point de vue du lecteur, car de nombreux auteurs se plaignent d'être maltraités par l'éditeur...)

Bon toujours est-il que cette fois-ci , le pire est largement évité pour laisser place au meilleur! Ce roman est une pure merveille, une bulle d'émotions au coeur de l'île Maurice entre Port-Louis et Beau-Bassin où se déroule l'action. (Il faut dire que le parcours de l'auteure impose le respect et laisse à penser qu'elle maîtrise le français, ce qui n'est pas toujours le cas chez les auteurs d'Edilivre)

On découvre ainsi, l'histoire de Myriam Nanteuil et de sa modeste famille créole (mais pas pauvre, les Nanteuil ont des domestiques indiennes...).Elle a deux soeurs ainées et deux frères également plus âgés qu'elle. L'enfance de Myriam est marquée par les couleurs de Plaine-verte à Port-Louis au début des années 1970, le déménagement à Beau-Bassin à cause des tensions entre créoles et musulmans, la visite de sa soeur ainée Odile mariée avec un ...Finlandais, pas si fin que ça.  A Beau-Bassin, Myriam a du mal à s'intégrer à l'école. Le manque de confiance qu'elle y développe ne trouve guère de remèdes face aux institutrices revêches qui au mieux l'ignorent ou au pire la maltraitent. Malgré toutes ces difficultés, Myriam décroche une place dans un collège huppé de Curepipe. Hélas , son père refuse de l'y envoyer à cause du trajet , à cause de  Kareem le petit copain de sa fille qui y est aussi admis, ce qu'il voit d'un très mauvais oeil, à cause également d'une vision de la femme éculée, à cause d'un manque d'ambition ... Louise la soeur de Myriam rencontre Richard et ... faute , ce qui bouleverse la famille jusqu'au départ de Louise pour la Finlande où son honneur de jeune femme ne sera plus un enjeu aussi capital qu'à l'île Maurice.

C'est finalement de l'immense collège secondaire de Rose Hill que Myriam doit se contenter. La rencontre avec Thierry égaye son adolescence, jusque là terne. Leurs sorties plus ou moins clandestines se terminent comme celles de Louise , de plus Myriam à à peine 18 ans, tombe enceinte. Le mariage est vite entériné entre les Nanteuil et les Martinet. Trop jeune, le couple ne va pas durer longtemps . Thierry trompe et bat Myriam . Le divorce, non sans difficultés, est prononcé après la naissance du deuxième enfant du couple.
Myriam se retrouve seule avec ses deux enfants, chez ses parents . Si les relations avec sa mère s'apaisent , celles avec son père restent très tendues. Que va devenir Myriam ? Sans aucun diplôme, sans travail, sans aide du gouvernement, avec deux enfants à charge , un père acariâtre, Myriam oscille entre révolte, insouciance, désespoir dans une société créole qui du Nord au Sud, condamne celle par qui le mauvais exemple arrive.
Les choses empirent quand elle rencontre Sharif et commence à sortir avec lui . La communauté créole ne lui pardonne pas de fréquenter un musulman. Myriam elle même, ne se fait guère d'illusions. Elle pense qu'un jour , la famille de Sharif  l'obligera à épouser une musulmane et que son bel amoureux la quittera.
Myriam va -t-elle échapper à son destin? Il vous reste encore pas mal de choses à découvrir.

Dans un style simple, efficace  sensible et précis (juste le lecteur aurait-il pu être épargné du verbe "s'amener" peu élégant et répétitif) , ce récit à la première personne, nous propose un magnifique portrait d'enfant et de femmes plurielles au coeur de la communauté créole des années 1970-1980 coincée entre amour , violence des préjugés et foi chrétienne . 

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