jeudi 30 septembre 2021

Ananda Devi - Le rire des déesses - Bernard Grasset Editeur - Paris - 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

 Ananda Devi auteure mauricienne- Roman dont l'action se déroule en Inde.

L’histoire se déroule dans une ruelle dénommée ... la Ruelle,aux flaques d’eau croupies , aux ordures entassées dans les recoins.  Veena se prostitue avec bien d’autres femmes sur un matelas , séparées  les unes des autres par des parois qu’on peut imaginer en bois ou en toiles de tentes. Une bassine, un petit tabouret qui sert de siège et de table à la fois, voilà pour le décor sordide dans lequel évoluent Veena et ses compagnes d’infortune aux « grands sourires abîmés » aspergées de parfum qui ne dissipent même pas les « relents du mâle englués à leur peau »

Veena a une fille qui grandit miraculeusement cachée derrière la paroi . Veena s’en occupe peu n’éprouvant même pas de lui donner un prénom. C’est à l’âge de neuf ans que la petite fille va se trouver elle-même son prénom « Chinti » la petite fourmi.

Chinti devient vite la mascotte de toute la ruelle .

Veena a beaucoup de clients mais un en particulier Shivnath devient son numéro un. C’est un swami , un prêtre de haute caste que tout le monde respecte dans le quartier . Au départ Veena pense qu’elle a de la chance d’avoir un tel homme civilisé parmi ses clients mais « S’il y  des hommes dont on ne peut pas dire qu’ils sont civilisés, ce sont les hommes de dieu » nous prévient la narratrice.

Il arpente le quartier des prostituées ouvertement. C’est pour les « racheter, leur apporter la consolation de l’éternité » argumente-t-il.

Shivnath ne croit pas vraiment en Kali mais il a hérité de son père et il a su tirer profit de son héritage. La narratrice n’est pas tendre avec la déesse et la société hindoue pour laquelle « kali est devenue une divinité comme une autre, un prétexte …., un symbole qui rassemble les imbéciles et permet de maîtriser les foules » Shivnath fait passer les prostituées pour les héritières de Kali, « victimes de la société qui les vilipende » Son devoir est de les ramener dans la voie de Kali.

Après des années passées à fréquenter Veena et les autres filles du quartier , Shivnath , le prêtre , le saint homme, rencontre Chinti et tombe peu à peu en extase devant la petite fille de dix ans qui électrise tous ses sens.Il la prend sous sa protection.

Dans la ruelle, il y a aussi une maison dans laquelle vit Sadhana. Harcelée, violée, par ses camarades de lycée , reniée par ses parents, cette petite fille née dans un corps de garçon, a trouvé refuge a seize ans dans la communauté des hijras . Elle a souffert le martyr lorsque la lame du couteau lui a fait perdre ses mâles attributs mais a survécu . Son amie, sa compagne au sein de la communauté se meurt lentement d’un cancer.

Sadhana observe la ruelle et petit à petit tombe sur le charme de la jeune Chinti qu’elle veut protéger des griffes des hommes et en particulier de Shivnath .

Petit à petit, Veena , de plus en plus délaissée par Shivnath , prend conscience de ce que manigance le prêtre . Elle qui ne s’est jamais bien occupée de sa fille , se prend soudainement d’une envie folle de la retrouver pour la protéger. Aidée en cela par Sadhana, qui elle aussi s’est prise d’affection pour ce rayon de soleil.

Toutes les deux vont se mettre en marche, au sens littéral du terme, car Shivnath a eu une idée pour contrer les ragots qui pullulent dans son dos. Il organise un pèlerinage à Bénarès pour faire de la jeune fille une déesse. Ainsi ses fidèles ne douteront plus que l’obsession qu’il éprouve envers Chinti n’a rien de malsain.

Le cortège des pèlerins avance vers la ville sainte, dans la boue ou la poussière . Toute une nuée de petits vendeurs, s’agglutine autour des processionnaires, jusqu’aux prostituées qui troquent les parois de la Ruelle contre les fourrés des bords des routes. Le besoin de prières allant de pair avec des besoins plus charnels.

Arrivé à Bénarès, Veena et Sadhana arriveront-elles à récupérer Chinti et à la sortir de l’emprise de Shivnath? Ce dernier arrivera-t-il à convaincre ses fidèles de la divinité de la jeune fille qui le transit d’amour?

« Manger l’autre »  le premier roman d’Ananda Devi chez Grasset ne m’avait pas intéressé et je n’en étais pas venu à bout. « Le rire des déesses » retrouve le souffle unique d’une auteure formidable au style inimitable et imparable qui dénonce les injustices d’une civilisation indienne très dure et inégalitaire dans une oeuvre épique et magnifique.

J’aurais pu en rester  sur cette impression fort positive si je n’avais pas lu ce roman en même temps que j’écoutais les débats  de la primaire écologiste. Cet ouvrage m’est alors apparu comme une illustration de propagande militante de l’écoféminisme rousseauiste : Les hommes indiens sont tous des salauds , en particulier les religieux, qui utilisent et jettent le corps des femmes à leur guise. Les femmes sont toutes de pitoyables victimes sous l'emprise des hommes et les transgenres sont des êtres gentils , sensibles et très courageux, également victimes d’une société cruelle machiste.Enfin n'oublions pas les gentils musulmans indiens victimes des méchants hindous.Le tout sans aucune nuance.Tout l'intérêt s'en est allé.

M.J. Jurand - A Jack Stern adventure : Resurrection in Mauritus - Vivid Publishing - Fremantle - Australie - 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

 

M.J. Jurand : auteur australien

Je ne connaissais pas les aventures de Jack Stern, le héros de M. J. Jurand qui a déjà eu l'honneur d'un premier ouvrage . Voici donc le deuxième.Dès les premières lignes, le héros débarque au club Med mauricien pour découvrir les charmes de l'île. Mais évidemment, les vacances paisibles vont vite se transformer  en aventures palpitantes : Quand "l'Alien church" ramène à la vie Brendan O'Reilly , l'ami de Jack Stern, les pèlerins affluent du monde entier . Quand le Vatican, la mafia américaine, et l'assassin Ivan Gallows, alias D-Man s'en mêlent, Jack Stern va avoir du pain sur la planche.

Et le lecteur aussi , car M.J. Durand vous convie à 720 pages de suspens en anglais.

Ambrogio Borsani - Tropico dei sogni - Neri Pozza Editore - Vicenza - Italie - 2004


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Ambrogio Borsani : auteur italien  

Le sous titre "Bernadin de Saint Pierre, Baudelaire, Conrad, Twain, naufragi e destini incrociati n'ell'isola di Mauritius" éclaire les intentions de l'auteur : croiser les destins et les naufrages des ces grands auteurs qui ont tous en commun d'être passés par Mauritius et d'avoir contribué à créer le "mythe de l'île Maurice"

Sudhir Hazareesingh - La légende de Napoléon - Collection Points Histoire - Editions Taillander - 2005


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sudhir Hazareesingh auteur mauricien , installé au Royaume-Uni , enseignant à l'université d'Oxford , spécialiste de l'histoire de France moderne et contemporaine: il s'attaque ici , non pas à la vie de Napoléon , ni à son legs historique, mais bel et bien à l'image posthume qu'il a laissée au cours du XIX ème siècle en particulier. Bref la genèse du mythe napoléonien. 

Traduit de l'anglais par Albert Sebag - Edition originale Granta Publications - Royaume Uni 2004

mercredi 1 septembre 2021

Nathacha Appanah - Rien ne t'appartient - Collection Blanche - Gallimard - 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

Nathacha Appanah - auteure mauricienne, installée en France. 

 Roman dont l'action se situe à l'époque contemporaine dans un pays occidental et un pays asiatique.

Tara a perdu son mari Emmanuel, depuis trois mois. Elle a des visions au cours desquelles elle voit apparaître un garçon la suivre dans sa vie quotidienne, quand elle fait ses courses ou sur son canapé.... Son beau-fils, Eli , professeur de mathématiques s’inquiète de la santé mentale de sa belle-mère. Il a retrouvé dans la poubelle du bureau des  papiers griffonnés où le prénom de Tara est remplacé par celui de Vijaya.Il veut savoir qui est Vijaya.

Vijaya est née dans un pays d’Asie qui borde l’océan indien, un pays jamais vraiment identifié, où le sari et le sarong se disputent la prééminence, où les religions s‘entremêlent et parfois s’entretuent… Le père de Vijaya est un intellectuel qui croît dur comme fer en la science moderne tandis que sa mère a des crises de mysticisme durant lesquelles elle reçoit et apaise les gens des alentours qui la prennent pour une sorcière. Son père fustige l’école nationale et fait l’instruction à la maison . Il passe souvent à la télé et à la radio pour dénoncer les politiciens de son pays. Vijaya grandit paisiblement dans sa maison douce et fleurie entre la cuisinière Aya et le jardinier Roy. Un jour , des soldats débarquent , tuent atrocement Aya et les parents de  Vijaya qui s’est cachée dans un coffre.

Roy la délivre après le massacre et la conduit chez sa sœur Mani qui a déjà trois enfants.  Totalement perturbée Vijaya devient « ce chien méchant » qui grandit entre folie et désespoir. Jusqu’au jour , où un garçon de la ville qui vient passer ses vacances près de chez Mani, lui fait découvrir dans ses bras un nouveau monde …

Roy et Mani décident de se séparer de Vijaya « la fille gâchée » et l’amènent dans une sorte de couvent bouddhiste où elle devient l’esclave de la mère supérieure qui lui apprend sa règle d’or « Rien ne t’appartient » . Vijaya grandit encore là pendant quelques années , prenant désormais sous son aile de « grande soeur » les jeunes filles qui arrivent au couvent. Cela va durer jusqu’en 2004 (la date n’est pas citée mais les terribles évènements racontés nous ramènent à cette année là). Vijaya est soudainement  arrachée à sa vie antérieure et c’est au milieu du chaos et de l’horreur qu’elle survit pour renaître à une vie nouvelle.

La grande auteure Nathacha Appanah est de retour dans ce roman coup de poing qui se lit d’une traite le souffle court et le ventre noué. « Tropiques de la violence » son antépénultième roman, ne m'avait pas totalement convaincu , malgré la critique dithyrambique et les prix internationaux. Pire, son pénultième  «  Le ciel par-dessus le toit » m’est tombé des mains et reste à ce jour, le seul roman de Nathacha Appanah dont je ne connais pas encore la fin.

« Rien ne t’appartient » renoue avec l’immense auteure qui sait si parfaitement nous conter un récit dans des entrelacs de violences et de douceurs , de sagesse et de folie, de haine et d’amour, dans l’implacable vérité terrestre du temps qui passe et qui emporte tout.

Guy Ng Tat Chung - Mon royaume pour une larme- Autoédition - 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Guy Ng Tat Chung , auteur mauricien , installé en Andorre: A la retraite, après une longue carrière d'enseignant en France,  Guy est devenu un auteur prolifique , pour notre plus grand plaisir car s'il n'est pas un immense écrivain en ce qui concerne le style, il n'en reste pas moins, un formidable conteur dont les récits et romans vous tiennent en haleine avec beaucoup de sensibilité. Je n'ai pas encore lu le dernier que voici. Mais il me tarde.

Urvasi Pauvaday - Viatorem - Autoédition- 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Urvasi Pauvaday - Jeune femme mauricienne , étudiante en France,

Roman fantastique en anglais. 

Sudhir Hazareesingh - Ce pays qui aime les idées - Histoire d'une passion française - Collection "Champs Histoire" - Flammarion - 2017 - (Première edition 2015)

 










Sudhir Hazareesingh - Auteur d'origine mauricienne , installé au Royaume- Uni . Historien et professeur à Oxford, il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire et la culture politique française.

Traduction française.

Rosey Messing - Asha , Mauritius, dreams and slavery - Rambling press - Royaume-Uni - 2021


 

 

 

 

 

 

 

 

Rosey Messing auteure britannique, a vécu cinq ans à Maurice. Elle fait ici, le récit en anglais, de la vie d'une femme malgache du XVIIIème siècle : Bathsheba et de sa descendance à l'île Maurice , au temps de l'esclavage puis de son abolition, de l'arrivée des migrants indiens. Asha se rappelle ses ancêtres à travers ses rêves , racontant leurs expériences depuis trois cent ans et les changements subis comme la conversion à la religion hindouiste tamoule à l'occasion de mariages. ..

Isaac Adler - Young captain on a broken boat - Zaccmedia Piblications - 2021


 

 

 

 

 

 

 

Auteur : Isaac Adler , né en Slovaquie en 1940, installé depuis1985  aux Etats-Unis, à Denver.

Mémoires d'enfances, en anglais,  durant la Seconde Guerre mondiale, quand des réfugiés juifs venus de la Palestine  ont été mis en prison sur l'île Maurice par les Britanniques.

Illustrés par des dessins de l'auteur.