Jean Pierre Lenoir : auteur mauricien
Roman, action : Ile Maurice
Christian Malapoix est un écrivain français. Avec des confrères, il participe à un salon du livre organisé par un grand hôtel de l’Est de l’île Maurice. Au programme, dédicaces, conférences …
Robert Vilaret est un mauricien de 56 ans qui a vécu en Rhodésie au cours de sa jeunesse avec ses parents émigrés. « C’était là-bas qu’était née sa passion pour l’écriture » Le retour brutal d’Afrique l’avait assommé. Il avait acheté une épicerie et une maison à Curepipe. Depuis il essaie d’écrire mais est victime du syndrome de la page blanche.
Il a une relation avec la douce et discrète Geneviève. Tout cela reste très timide et platonique.
Lors de la conférence, citée ci-dessus, Robert s’empare du micro et déclame, pour plaisanter, que le Front de Libération de la Parole, dont il est un représentant va enlever un écrivain en séjour dans l’hôtel contre une forte rançon littéraire. Il menace de lâcher des moustiques, vecteurs du Chikungounya , ivres de sang frais.
Christian Malapoix en perd son stylo fétiche qu’il oublie sur le bar. Robert a tout vu et s’en empare subrepticement. Il espère qu’écrire avec le stylo fétiche d’un grand écrivain va lui ouvrir les portes de la fertilité littéraire. Hélas, même avec le stylo magique, la page de Robert Vilaret reste définitivement blanche. Désespéré, Robert Vilaret imagine d’enlever le propriétaire du stylo pour lui voler son inspiration. Il ne reste que trois jours de salon littéraire. Il faut agir très rapidement.
Logeant dans le même hôtel que les prestigieux auteurs français, il met au point un stratagème pour prendre en otage de manière sérieuse cette fois Christian Malapoix chambre 422. Il s’introduit dans la ladite chambre et tombe nez à nez avec … Paul Trabert , un autre écrivain invité. Robert Vilaret s’est trompé de chambre.
Trabert est ahuri. Il pense avoir à faire à un fou. Robert lui raconte son désir de s’approprier son génie littéraire. Incrédule, Paul Trabert essaye de se débarrasser de l’inopportun intrus. Robert se reprend et dicte ses conditions : il veut que l’écrivain reste chez lui quinze jours , nourri , logé , blanchi , promené… Après avoir usé de nombreux stratagèmes, il oblige ou décide (c'est là tout le délice improbable de la situation) l’écrivain à s’installer chez lui pour quinze jours. Une idée est venue à Paul Trabert : écrire un nouveau roman sur l’action de Robert et sa folie.
Peu à peu l’otage, Paul Trabert échappe à son ravisseur. Robert s’inquiète : Qui est ce personnage qu’il a enlevé par inadvertance ? Il découvre que son hôte est un ancien légionnaire puis mercenaire avant de revenir en France et de se consacrer au roman. L’attitude de Paul Trabert devient de plus en plus incontrôlable : il demande à aller à la messe où il rencontre furtivement Genviève qu’il décide de courtiser pour montrer à Robert à quel point il est nul même au niveau de la séduction.
L’affrontement entre les deux hommes se cristallise autour du génie littéraire à transmettre, du roman à écrire, et de la timide Geneviève. Trabert écrase le coucou de la pendule de de Robert, qui est le plus fou des deux ? La tension monte inexorablement. Qui est l’otage de qui ? Robert découvre que Paul utilise un médicament prescrit dans le cadre de problèmes schizophréniques, il en mène de moins en moins large.
Dans ce jeu dangereux du chat et de la souris, qui sera le chat, qui sera la souris ?
Jean Pierre Lenoir nous raconte avec jubilation les affres
d’un écrivain confronté à la page blanche. Tour à tour réflexion sur la
création littéraire, polar intrigant, roman psychologique, c’est un réel
plaisir de se laisser surprendre par les rebondissements à suspens.
Le dernier chapitre « Le roman du roman » est une excellente idée : l’auteur y raconte ses intentions, ses propres doutes et interrogations, ses espoirs , son cheminement… Tous les écrivains devraient faire ceci plutôt que de laisser des inconnus faire émerger des interprétations parfois farfelues.