Barlen Pyamootoo : Auteur mauricien
Roman , action : Etats-Unis d'Amérique en décembre 1862 sur la côte Est . En pleine guerre de Sécession , le grand poète américain part à la recherche de son frère George, blessé durant une bataille. Barlen Pyamootoo , retrace cette recherche emplie de doute et d'espoir, en suivant le poète durant 13 jours , confronté à la barbarie de la guerre.
Une belle entrevue sans concession dans l'Express:
https://www.lexpress.mu/article/354710/barlen-pyamootoo-litterature-na-pas-frontieres
Ce roman situé aux Etats-Unis d'Amérique au XIX ème siècle en pleine guerre de Sécession, est fort éloigné de l'île Maurice. Mais nous rapproche d'une littérature picturale brillante. Nous n'oublierons pas de sitôt le tableau ou les tableaux que l'auteur a composé autour de cette histoire sombre : le gris de l'hiver , la blancheur des matinées conjuguées de givre, le souffle des soldats créant comme un halo de lumière grise autour de leurs visages tuméfiés; les couleurs sombres des uniformes et des visages déformés par la douleur et les blessures, le rouge du sang dans les infirmeries de fortune où l'on opère à la chaîne les membres mutilés, les brumes matinales sur les chenaux et les rivières au petit matin hivernal créant comme un brouillard d'amertume sur les pensées du héros.Les amitiés fiévreuses , toutes tremblantes avec lesquelles Whitman renoue par le plus grand des hasards au cours de son voyage.Le vert lumineux des prairies de l'enfance que les soldats blessés traînent dans leur lente agonie comme un feu de réconfort.
Whitman, le poète en manque d'inspiration redevient au cours de ces quelques jours passés dans l'hôpital du front, un héros qui soigne et réconforte ces jeunesses perdues . Par sa carrure , son charisme, son humour, son humanité , Whitman redonne le goût de la vie à ces pauvres hères écharpés aux combats. Il y trouvera une nouvelle raison d'écrire et de se battre par la plume. Et son portrait , dressé au pinceau prosaïque de Barlen Pyamootoo n'en est que plus touchant. Ce roman est en effet à mes yeux une fresque humaniste peinte au bout d'un stylo ou d'un clavier d'ordinateur avec des mots à la place des dessins et des couleurs . C'est étrange (dans le sens d'original) très beau et poignant.
Lu en plusieurs étapes lors d'un voyage en Inde, j'ai attendu d'arriver à Varanassi (Bénarès) pour conclure cet ouvrage superbe. N'était-ce point un magnifique clin d'oeil que de lire Barlen Pyamootoo à Bénarès au pied du Gange qui s'étendait majestueusement sous le balcon de notre guest house? Du petit Bénarès mauricien qui a fait le succès du premier ouvrage du romancier , au grand Bénarès indien où sont brûlés des milliers de personnes décédées par an, j'ai adressé au Gange et à Shiva , l'âme de tous les soldats morts lors de cette terrible guerre de Sécession.