Christine Duvergé auteure mauricienne établie aux Etats-Unis
Roman , action : De la Californie où elle habite à Camp agonie , misérable village de Maurice où elle a grandi, Dolorès prend le chemin de la délivrance...
Magnifique roman qui m'a arraché des torrents de larmes. Christine Duvergé reprend avec talent des thématiques qu'Ananda Devi ou Lindsey Collen n'auraient pas reniées.
Dolorès est une femme sortie des abîmes misérables du Camp Agonie dans le village de Chamarel. Pour s'en sortir, elle va se heurter aux hommes, à sa mère , aux hommes de sa mère. Sa chair et son âme vont le payer de multiples turpitudes, puis la chance l'amènera enfin loin du camp , loin de Maurice...aux Etats-Unis.
L'histoire de ce parcours plein d'embûches n'est pourtant pas terminée .Même à des milliers de kilomètres de son île natale, il lui faudra encore faire face à sa famille , à "son peuple" et à ses croyances comme dit l'héroïne. Ce n'est qu'au bout de toutes ces épreuves que Dolorès pourra enfin cueillir les fruits de cette longue quête...
Si la thématique rappelle les deux grandes auteures citées ci-dessus, la voix de Christine Duvergé n'en est pas moins originale. Là où Ananda Devi écrit dans son style unique qui mêle la prose et la poésie de manière intense, Christine Duvergé, par des phrases courtes,directes, nous instille sous la peau une encre noire où la vie , la mort , le désir , la jalousie, le rêve explosent les certitudes de l'héroïne et les nôtres par la même occasion. Là où Ananda Devi mêle souvent l'Inde et l'Occident , Christine Duvergé se tient ici, aux confluences de l'Afrique et de l'Occident dans une mauricianité toute aussi charnelle et spirituelle.
Au final , bouleversés, nous cheminons (l'héroïne et nous, son lecteur) sur le chemin de la résilience et nous aimons cette petite Dolorès si fragile et si forte à la fois.
"La littérature mauricienne compte une nouvelle voix", annonce la quatrième de couverture. C'est tout à fait cela, une voix âpre, intense, cinglante . Une voix qui crie et qui apaise... Une voix qui mord et qui caresse...
Nous ne voulons pas faire injure aux Editions Pamplemousses et à monsieur Alain Gordon-Gentil qui les dirige en nous offrant ce texte magnifique, mais Christine Duvergé mérite une diffusion ...bien plus large.